Une grande part des investissements dans la transition écologique passe par l’action des collectivités locales. Celles-ci ne pourront financer cet effort uniquement par leur autofinancement ou par les dotations de l’Etat. Le levier de la dette doit être mobilisé d’autant que le coût de la dette est inférieur à celui de l’inaction climatique. La dette doit être appréhendée comme un moyen d’atteindre un objectif et pas uniquement comme un problème dont il faut gérer la soutenabilité. Au-delà d’un blocage financier, c’est une barrière psychologique qu’il faut dépasser et qui nécessite un travail d’acceptabilité.
Un rapport d’information du Sénat du 4/07 souligne que « des marges d’emprunts sont donc possibles pour financer des investissements en faveur de la transition écologique à la condition que l’acceptabilité de la dette se développe ».
Il est ajouté que « la dette doit être considérée comme une modalité nécessaire de financement des investissements en faveur de la transition écologique en complément des dotations de l’État et des capacités d’autofinancement des collectivités, [mais qu’]elle reste relativement mal acceptée par le ministère de l’économie et des finances, faute de pouvoir distinguer finement l’objet de l’endettement, mais également par certains élus locaux par crainte d’être taxés de mauvais gestionnaires ou de devoir augmenter les impôts locaux afin de couvrir la charge de la dette. Il est donc recommandé d’isoler dans les ratios d’endettement la part de la dette permettant de financer des investissements en faveur de la transition écologique. »
Par ailleurs, le rapport de France Stratégie confié à Jean Pisany-Ferry à la demande de la Première ministre confirme qu’il est inutile « de retarder les efforts au nom de la maîtrise de la dette publique ». Cela pourrait en effet avoir pour conséquence d’accroître « le coût pour les finances publiques et l’effort nécessaire les années suivantes pour atteindre nos objectifs climatiques ».
Enfin, l’Institut de l’économie pour le climat I4CE et La Banque Postale publient une étude développant 4 scénarios prospectifs de financement des investissements climat à horizon 2030. L’analyse montre que pour atteindre les objectifs nationaux et européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre, un doublement des investissements de transition écologique des collectivités locales est nécessaire et qu’un recours accru à l’emprunt est indispensable pour assurer cette accélération de l’investissement. Toutefois, le scénario prévoyant le plus important recours à l’endettement, et qui ferait passer l’encours de dette de 200 Md€ en 2022 à un peu plus de 300 M€ en 2030 (+54%), ne verrait passer l’encours de dette exprimé en point de PIB que de 7,4% à 8,4%, soit « seulement » 1 point de PIB supplémentaire.
Un amendement adopté dans le cadre du PLF 2024 donne la possibilité aux collectivités d’identifier dans un document annexé à leur compte administratif le « montant de la dette consacrée à la couverture des dépenses d’investissement qui, au sein du budget, contribuent positivement, à tout ou partie des objectifs environnementaux (…) et indique la part cumulée de cette dette au sein de l’endettement global de la collectivité ». Le recours à l’emprunt est d’autant plus approprié que les investissements dans la transition écologique peuvent s’amortir sur les durées très longues.
Votre avis nous intéresse
Vous avez aimé cet article ?
Connectez-vous pour recommander !Partager l’article :