2. Etat : un budget AFIT-F annoncé en hausse, mais conditionné à la mise en place d’une taxe
Les crédits de l’Agence de Financement des infrastructures (AFIT-F) sont attendus en progression de +20% en 2024 et atteindraient 4,6 Md€ d’après le Projet de loi de finances 2024 (contre 3,8 Md€ en 2023). La ventilation du budget de l’Agence par type d’opération (travaux, études, matériels) ou par mode de transport n’est pas encore connue dans l’attente du vote de son budget initial pour 2024. Toutefois, d’après les premières annonces, l’essentiel de l’effort serait tourné vers des opérations ferroviaires, de transport urbain et fluvial, la route faisant les frais de ces orientations. Ce nouveau budget doit aussi permettre de lancer la nouvelle génération de Contrats de plan Etat-Régions (CPER) dont les signatures, attendues pour la fin 2023, tardent encore dans plusieurs régions. Les premiers protocoles d’accord signés dans certaines régions (Pays de la Loire, Centre Val de Loire, Hauts de France), viennent confirmer cette prépondérance des investissements ferroviaires sur la période à venir.
A noter également que cette hausse de la dotation de l’AFIT-F repose quasi intégralement sur la création d’une taxe sur les concessionnaires de transport (aéroport et autoroutes) dont le rendement s’élèverait à 600 M€. L’augmentation du budget de l’AFIT-F en 2024 est ainsi conditionnée à l’entrée en vigueur de cette taxe au 1er janvier 2024.
3. Grands opérateurs : tableau globalement positif pour les transports et l’énergie
Du côté des transports, les investissements de la Société du Grand Paris (SGP) et de SNCF Réseau devraient rester sur leur plateau actuel. Malgré les annonces d’investissements ferroviaires, le budget de SNCF Réseau demeure, soumis au contrat de performance signé avec l’Etat dont les montants restent en deçà des annonces. Pour les concessionnaires autoroutiers, une légère hausse pourrait être anticipée avec l’exécution de travaux sur les aires de service et des opérations de remise en état des ouvrages d’ici à la fin des concessions. La montée en puissance de la liaison ferroviaire Lyon-Turin (TELT) et du Canal Seine Nord Europe (dont le premier lot TOARC est paru en appel d’offres) devrait en outre tirer à la hausse l’activité TP, notamment en fin d’année 2024. Concernant les opérateurs du domaine de l’énergie, que ce soit pour la distribution, le transport ou la production d’énergie, la tendance reste orientée à la hausse au regard de la dynamique des marchés des bornes électriques, du renforcement des réseaux pour Enedis, des raccordements en matière d’énergie renouvelable ou des interconnexions côté RTE. Les effets du programme de construction des 3 nouvelles paires de réacteurs nucléaires EPR2 sur l’activité du secteur devraient se traduire par de premiers travaux préparatoires à partir de 2025-2026 mais ne devraient réellement se matérialiser qu’à partir de 2027. Quant au Très Haut Débit, le réseau fibre arrive en fin de déploiement et le nombre de prises installées refluent désormais. Ceci est en partie compensé par des derniers déploiements qui se font en zone moins dense (donc avec plus de linéaire) et par la montée des travaux nécessaires à la maintenance et résilience des réseaux fibre optique.
Sur l’ensemble des grands opérateurs, une croissance d’activité de l’ordre de +3% est anticipée en valeur pour 2024 (intégrant l’impact sur les opérateurs en région francilienne).
4. Secteur privé : principal point d’alerte pour 2024
Si en 2022/2023, la maîtrise d’ouvrage privée (promoteurs immobiliers, entreprises individuelles et commerciales, particuliers, etc.) portait encore l’activité du secteur, l’année 2024 devrait marquer un tournant dans la dynamique d’investissement de la clientèle privée. La hausse des coûts de construction et la remontée rapide des taux d’intérêt fragilisent en effet la demande. Du côté du logement neuf, l’effondrement des réservations (-40% au T3 2023/T2 2023 pour les ventes aux particuliers) se diffuse progressivement à l’ensemble de la chaîne du bâtiment avec une forte chute des autorisations (-28% sur 12 mois cumulés à fin sept.2023) et désormais des mises en chantiers (-18%). Au vu du stock d’activité et des délais de réalisation, une baisse de -7% en valeur sur l’activité de Travaux Publics en lien avec le logement neuf est attendue pour l’an prochain. Le relai ne viendra pas du non résidentiel (0% projeté en valeur) en raison du ralentissement de l’investissement privé et de la mauvaise orientation de certains segments (bureau et commercial fragilisés par le télétravail, la baisse de pouvoir d’achat des ménages et la mise en place du Zéro Artificialisation Nette). Toutefois, dans certaines régions, des projets de sites industriels de grande taille pourraient contrebalancer cette tendance.
Compte tenu du poids relatif de chaque segment, le recul de la commande privée TP serait de -4,6% en 2024. La diffusion de la crise immobilière aux Travaux Publics (VRD, petit terrassement, fondations) constitue ainsi le principal frein à la croissance du secteur en 2024.
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